Pour le 75ème anniversaire de la Libération, Jeannine 14 ans, témoigne de son vécu à Paris. Elle raconte la liesse mais aussi le danger autour des barricades

« Nous habitions près de la porte de Vincennes, nous sommes le 25 Aout 1944. Un défilé de camions allemands fuyait la capitale lorsque nous avons appris que le Général Leclerc débarquait avec ses divisions pour libérer Paris.
Tout le monde est descendu dans la rue. Nous étions euphoriques, enfin libres ! Voir nos libérateurs bien sûr, mais aussi participer à l’édification des barricades qui empêcheraient les troupes Allemandes de quitter la capitale.

Les pavés de Vincennes
Un à un, j’arrachais les pavés de l’avenue de Vincennes en me cachant le plus possible de mon père qui m’avait interdit de quitter la maison car les rues étaient devenues dangereuses. Des snipers dans un baroud final tiraient sur les civils.
Quelle fut ma surprise d’apercevoir au loin mon père arrachant lui aussi les pavés de la chaussée à l’aide d’une hache ! Il n’a jamais su que j’étais là ! Nous n’en avons jamais parlé…

Evènement tragique
Ce jour-là, je fus témoin d’un évènement tragique. Un soldat allemand défenestré par les parisiens. Il s’apprêtait à tirer sur le contingent du général Leclerc qui arrivait par le sud de Paris au niveau de Nation.

Le Général
Plus tard nous avons rejoint le centre de la capitale. Nous attendions impatiemment le Général de Gaulle qui arrivait à pied de Notre Dame pour se rendre sur les Champs Elysées. Pendant que nous attendions, des miliciens tentaient de s’échapper en tirant sur la foule. Il y eut un grand mouvement de panique, des cris, des civils terrorisés se jetaient à terre. La cousine qui m’accompagnait perdit dans notre fuite une chaussure. Malgré la menace beaucoup restaient dans la rue en attendant l’arrivée imminente des troupes Américaines et du Général.

Les Américains, nos héros
Lorsque la rue retrouvait son calme, nous rejoignîmes les GI qui jetaient de leurs camions, des cigarettes, des chewing-gums et du chocolat. Les soldats américains étaient nos héros, nous les trouvions sympathiques et chaleureux. Il y avait le barrage de la langue mais qu’importe on parlait avec les mains. Malgré tout on arrivait à se comprendre ! J’ai fumé ce jour-là, ma première cigarette et j’ai eu la chance de faire le tour de la place de la Nation à bord d’un camion américain, c’était incroyable ! Je m’en souviens encore avec émotion »